Voici l’histoire d’une équipe de foot assez moyenne évoluant entre la 4ème et la 2èmeligue, comme des centaines d’autres. Cependant celle-ci a ce petit truc qui en fait un club à part. Un club dont on n’a pas honte de dire qu’on les soutient que l'on soit une fille ou un mec, que l'on habite à Prenzlauerberg ou à Kreuzberg Le FC Union est un club ouvrier, dans une sorte de zone industrielle. Rien de très sexy. Mais ce qui fait la classe de cette équipe c'est bien d’autres choses vous vous en doutez...
Lors de l’édification du mur de Berlin en 1949 les gars d’Union se retrouvent enfermés coté soviétique. Deux clubs tiennent le haut du pavé. Deux clubs rivaux. Le grand FC Union et ces chiens du Dynamo.
Ces derniers ont les faveurs du régime, de la Stasi et autres joyeuses organisations. Autant dire que piquer les meilleurs joueurs de son voisin Union n’était pas bien compliqué. Un peu comme si le Real offrait 100 000 000 Euros pour acheter Keyzmann au PSG, personne ne s’y opposerait.
Mais les p’tits gars d’Union ont du cœur et vont se battre contre l’adversité. Ils seront toujours en opposition avec les méthodes du Partie (pas forcément ses valeurs) et en opposition avec l’Allemagne de l’ouest et son football bling-bling.
" On était le club des opposants, on est aujourd'hui hostile au football commercial. On ne veut pas de ce football de merde, avec des cheerleaders" (supporters du FC Union)
C’est là que ça devient intéressant. A la chute du mur ce club moyen commence à être bon et assiste même à la mort de son rival de toujours avec délectation au milieu des années 90’ Cependant plus on joue dans les divisions supérieurs plus les licences des joueurs coûtent chère et plus il faut adapter le stade à certaines normes. Et c’est là que l’histoire commence
Etape 1, du sang-froid : En 2005 première crise. Les caisses du club sont vides, plus de thunes pour payer les licences des joueurs, bientôt la fin du club. Cette équipe qui a survécu au mur, au Dynamo et au froid pourrait mourir pour une histoire d’argent. Le comble. Une blague de capitaliste. Bref pas possible.
Hum je réfléchis… Mon club va disparaître et si je vendais un rein… Insensé me direz vous… Et bien pas tant que ça puisque les supporteurs du club ont vendu leur sang pour sauver le club et payer les licences. Beau geste et ce n’est que le début.
Stade 2 : Deux années plus tard lorsque après avoir été interdit par 2 fois de monter en ligue 2 par les autorités du football du fait d’un budget inadapté et d'un stade trop vétuste, les supporters en ont eu marre. C’est après que la ville de Berlin ait eu proposée au club de s’installer dans le stade de feu le Dynamo (je vous laisse imaginer la réaction) que les supporters se sont une nouvelles fois lâchés, mais le sang ça ne rapporte pas assez… C’est ainsi que nos amis supporters ont décidé de refaire le stade eux même. On ne parle pas du stade de campagne, je vous parle d’un stade de 23 500 places…
Les seuls spécialistes engagés sur ce projet en plus du directeur du chantier seront les couvreurs (rassurant tout ca…). Ces supporters sont, bûcherons, chômeurs, étudiants, le jours et peintres, poseurs de pelouse, bref ouvriers bénévoles la nuit. Tout le monde a donc retroussé ses manches et mis aux normes ce stade permettant au FC Union une économie de 2 millions d’Euros et par la même occasion de jouer en ligue 2.
Cette histoire a fait du bruit. Respecté par les bobos, adulé par ses supporters, soutenir le FC Union est devenu à la mode et surtout dans le milieu branchouille berlinois. On ne connaît rien au foot mais c’est pas grave ça fait bien.
Etape 3, la rechute ? : Laisser moi vous présenter Jürgen Czilinsky. Ce dernier est soupçonné depuis quelques semaines d’être un ancien agent de la Stasi (police est allemande). Il se défend face à ces allégations, revendiquant avoir été un agent double… Mouais ! La Vox populi en a décidé autrement une fois que le journal Bild a eu retrouvé la preuve des décorations reçues par Czilinsky pour son travail effectué au sein des « troupes de la frontière ». Les gens de cette police du mur sont un peu comme des charognards affamés laissés en liberté dans un troupeau de jeunes brebis égarées coincées contre un mur. Bref ce Czilinsky est le gendre idéal. Mais avant le mariage revenons au foot. Cet homme est le patron d’un des sponsors du club Les supporters ont donc comment le dire en restant poli, « tiqué » sur le passé de notre ami. Mais problème ,sa société finance à 90 % le club, soit à hauteur de 10 millions d’Euros…
La question de la rupture du contrat se réglera devant les tribunaux dans les mois à venir… Cependant d’ici là pas besoin de sortir vos chéquiers, les supporteurs d’Union vont bien nous trouver une source de revenu pour sauver une nouvelle fois leur club… On a besoin de deux yeux pour vivre…?
Je suis donc aller voir jouer les gars d’Union pour pouvoir ensuite me la ramener dans les soirées et dire que moi je supporte ce club. Ça commence par une marche des plus vivifiante dans une zone industrialo-ferestière. Mais le reste vaut le coût.
Une Bratwurste dans une main une bière-light d’un litre dans l’autre (pas le choix) et des chants de supporters louant les valeurs du club ouvrier durant 1h45.
Notons qu’à la mi-temps on annonce sur l’écran géant les anniversaires des supporters. Si le club ne joue pas plus beau football du monde, les joueurs ont le mérite de courir… Et oui, ils savent que les supporters veillent…
Bref si vous avez l’occasion de passer, allez donc voir jouer ce petit club et vous pourrez dire dans les soirées électro, coke, rock berlinoise que vous soutenez le FC Union. Je vous promets que, vous serez le roi…