lundi 14 décembre 2009

L' Union fait la force

Le foot ca peut être trendy. Pour cela évidement il vous faudra traverser le Rhin et vous rendre à Berlin. Enfin à Berlin est, où joue le club le plus cool du monde !

Voici l’histoire d’une équipe de foot assez moyenne évoluant entre la 4ème et la 2èmeligue, comme des centaines d’autres. Cependant celle-ci a ce petit truc qui en fait un club à part. Un club dont on n’a pas honte de dire qu’on les soutient que l'on soit une fille ou un mec, que l'on habite à Prenzlauerberg ou à Kreuzberg Le FC Union est un club ouvrier, dans une sorte de zone industrielle. Rien de très sexy. Mais ce qui fait la classe de cette équipe c'est bien d’autres choses vous vous en doutez...

Lors de l’édification du mur de Berlin en 1949 les gars d’Union se retrouvent enfermés coté soviétique. Deux clubs tiennent le haut du pavé. Deux clubs rivaux. Le grand FC Union et ces chiens du Dynamo.

Ces derniers ont les faveurs du régime, de la Stasi et autres joyeuses organisations. Autant dire que piquer les meilleurs joueurs de son voisin Union n’était pas bien compliqué. Un peu comme si le Real offrait 100 000 000 Euros pour acheter Keyzmann au PSG, personne ne s’y opposerait.

Mais les p’tits gars d’Union ont du cœur et vont se battre contre l’adversité. Ils seront toujours en opposition avec les méthodes du Partie (pas forcément ses valeurs) et en opposition avec l’Allemagne de l’ouest et son football bling-bling.

" On était le club des opposants, on est aujourd'hui hostile au football commercial. On ne veut pas de ce football de merde, avec des cheerleaders" (supporters du FC Union)

C’est là que ça devient intéressant. A la chute du mur ce club moyen commence à être bon et assiste même à la mort de son rival de toujours avec délectation au milieu des années 90’ Cependant plus on joue dans les divisions supérieurs plus les licences des joueurs coûtent chère et plus il faut adapter le stade à certaines normes. Et c’est là que l’histoire commence

Etape 1, du sang-froid : En 2005 première crise. Les caisses du club sont vides, plus de thunes pour payer les licences des joueurs, bientôt la fin du club. Cette équipe qui a survécu au mur, au Dynamo et au froid pourrait mourir pour une histoire d’argent. Le comble. Une blague de capitaliste. Bref pas possible.

Hum je réfléchis… Mon club va disparaître et si je vendais un rein… Insensé me direz vous… Et bien pas tant que ça puisque les supporteurs du club ont vendu leur sang pour sauver le club et payer les licences. Beau geste et ce n’est que le début.


Stade 2 : Deux années plus tard lorsque après avoir été interdit par 2 fois de monter en ligue 2 par les autorités du football du fait d’un budget inadapté et d'un stade trop vétuste, les supporters en ont eu marre. C’est après que la ville de Berlin ait eu proposée au club de s’installer dans le stade de feu le Dynamo (je vous laisse imaginer la réaction) que les supporters se sont une nouvelles fois lâchés, mais le sang ça ne rapporte pas assez… C’est ainsi que nos amis supporters ont décidé de refaire le stade eux même. On ne parle pas du stade de campagne, je vous parle d’un stade de 23 500 places…

Les seuls spécialistes engagés sur ce projet en plus du directeur du chantier seront les couvreurs (rassurant tout ca…). Ces supporters sont, bûcherons, chômeurs, étudiants, le jours et peintres, poseurs de pelouse, bref ouvriers bénévoles la nuit. Tout le monde a donc retroussé ses manches et mis aux normes ce stade permettant au FC Union une économie de 2 millions d’Euros et par la même occasion de jouer en ligue 2.

Cette histoire a fait du bruit. Respecté par les bobos, adulé par ses supporters, soutenir le FC Union est devenu à la mode et surtout dans le milieu branchouille berlinois. On ne connaît rien au foot mais c’est pas grave ça fait bien.

Etape 3, la rechute ? : Laisser moi vous présenter Jürgen Czilinsky. Ce dernier est soupçonné depuis quelques semaines d’être un ancien agent de la Stasi (police est allemande). Il se défend face à ces allégations, revendiquant avoir été un agent double… Mouais ! La Vox populi en a décidé autrement une fois que le journal Bild a eu retrouvé la preuve des décorations reçues par Czilinsky pour son travail effectué au sein des « troupes de la frontière ». Les gens de cette police du mur sont un peu comme des charognards affamés laissés en liberté dans un troupeau de jeunes brebis égarées coincées contre un mur. Bref ce Czilinsky est le gendre idéal. Mais avant le mariage revenons au foot. Cet homme est le patron d’un des sponsors du club Les supporters ont donc comment le dire en restant poli, « tiqué » sur le passé de notre ami. Mais problème ,sa société finance à 90 % le club, soit à hauteur de 10 millions d’Euros…

La question de la rupture du contrat se réglera devant les tribunaux dans les mois à venir… Cependant d’ici là pas besoin de sortir vos chéquiers, les supporteurs d’Union vont bien nous trouver une source de revenu pour sauver une nouvelle fois leur club… On a besoin de deux yeux pour vivre…?

Je suis donc aller voir jouer les gars d’Union pour pouvoir ensuite me la ramener dans les soirées et dire que moi je supporte ce club. Ça commence par une marche des plus vivifiante dans une zone industrialo-ferestière. Mais le reste vaut le coût.

Une Bratwurste dans une main une bière-light d’un litre dans l’autre (pas le choix) et des chants de supporters louant les valeurs du club ouvrier durant 1h45.





Notons qu’à la mi-temps on annonce sur l’écran géant les anniversaires des supporters. Si le club ne joue pas plus beau football du monde, les joueurs ont le mérite de courir… Et oui, ils savent que les supporters veillent…




Bref si vous avez l’occasion de passer, allez donc voir jouer ce petit club et vous pourrez dire dans les soirées électro, coke, rock berlinoise que vous soutenez le FC Union. Je vous promets que, vous serez le roi…

mardi 8 décembre 2009

Le marché de Noël, ou le kiff à l'allemande !

N’en déplaise aux rabat-joies, un marché de Noël en Allemagne, est « the place to be ». Je parle surtout de celui de mon quartier, Prenzlauerberg, Kulturbrauerei pour les connaisseurs.

Franz : « On fait quoi ce soir les gars après le boulo »

Gunter : « t’es con où quoi ? On va boire une bière comme tout les soirs après le boulo »

Franz : « Oui mais où ca ? »

Gunter : « Bah chez Barta, dans la Kneipe (troquet) au coin de la rue… Comme d’hab »

C’est la que nos deux compères commettent une erreur. On ne va pas dans la Kneipe au coin de la rue durant le mois qui précède noël pour boire une bière. On va sur le marché de Noël de son quartier, parce qu’on y trouve tout ce qu’il faut pour survivre malgré le froid sibérien.

Passé l’entrée de la Kulturbrauerei, les premières maisonnettes de Noël sont en vu. Autant vous le dire ce ne sont pas les plus intéressantes. Manèges, trampolines et maison du tourisme. Bref de quoi éloigner deux types de populations qui peuvent sérieusement troubler votre passage dans ce lieu enchanteur. Puis arrive les premiers rondins qui font office de repose saillant, encerclant un poil à bois. Sympa mais sans plus.

C’est en s’enfonçant un peu plus dans cet univers fantastico-commercial que commence à taquiner les premières effluvent de Bratwurst (ne faites pas les écoeurés, vous allez adorer). C’est cool, mais ça ne réhydrate pas son homme. Ni même sa femme d’ailleurs, qui soit dit en passant, picole largement tout en gardant la ligne… Comme quoi, bière et saucisse, c’est ça le secret.

Bref on remonte la rue artificielle. Vendeur de chaussettes à gauche, de bonnets à droite, autre cercle de troncs d’arbre, stand de gaufres à gauche, « absintherie » à droite. Ahhh bah voila, ca devient plus intéressant. La foule se densifie, les premières effluves de vin chaud taquinent les ailes du nez. On approche.

Des tables en hauteur alignées, dans le style fête de la bière en plus classe, toutes décorées de sapins, et bougies. Les gros manteaux et moufles se mélangent, tous se collent un peu histoire de se tenir chaud. C’est au milieu de cela que se trouve le saint des saints. Le Gluwein !!!! Notre voleuse, euh tenancière préférée (2,50 le verre pour Berlin c’est du vol) n’a pas assez de bras pour servir son saint breuvage.

Je ne sais pas ce qu’ils mettent dedans comme piquette, mais ce qui est certain c’est qu’il compense avec beaucoup d’autres choses.

La base du vin chaud c’est du vin rouge. Un bon cubi fera l’affaire. Le problème c’est qu’ici le bon rouge pas cher, connaît pas. Le rouge cher et mauvais, connais. Mais alors le bon ?? Pas encore. Bref, ils se démerdent assez bien pour parfumer ce nectar de tant d’épices, qu’elles neutralisent l’effet du mauvais vin que ce soit sur les papilles ou dans l’estomac. Bien plus encore, il en font un breuvage des plus délicieux, à boire sans modérations aucunes.

Bon alors là les choses s’emballent. Il ne fait plus du tout aussi froid, la vue commence à se troubler, mais réussie à faire la mise au point sur l’indispensable stand de bouffe !!!

Vous vous souvenez de votre jeunesse, durant les fêtes devant les vitrines

des grands magasins, à bavez devant les jouets que vous n’auriez jamais… Et bien là on essuie sa salive et on se fait plaisir. Autant dire que la frustration d’antan est vite comblé et bien plus que de raison. Berliner bouletten, Bratwurst, Brotschen, Sent, … Bref tout y est… dans votre estomac.


S’en suit une petite gaufre nutella ou une crêpe Kinderschokolade (Kinder surprise pour les francais)… et 15 kilos plus tard, vous voilà comblé. Ajoutons à cela une ambiance bon enfant, des bancs radiateurs avec manteau en moumoute intégrée, des senteurs de cannelles et de graillon, des lumières de toutes les couleurs et un faux père Noel… on est au mieux.


Enfin au mieux sauf quand on se rend compte que l’on a trop mangé, mais ca ce n’est pas très grave, ca fait partie de la magie de Noel. Une bière, au dodo et demain on fait du sport…


Matze

Nicolas, Bon Jovi, la chute du mur...

"Wir sind Berlin" disait Nicolas, ...euh moi perso je suis Matze et j'étais à Berlin quelques jours après la chute du mur de Berlin en 1989, essayant en vain de casser un morceau de la "Mauer". Et bien d'ailleurs cela devait être à peu près au même moment que Nicolas, soit aux alentours du 16 novembre 1989. Tout ca pour dire qu'ici le buzz autour de la présence de notre président "qui a senti la chute du mur arriver" ca fait doucement sourire. C'est logiquement sur les lieux de mes exploits passés qu'a débuté ma journée "anniversaire de la chute du mur". J'ai retrouvé le lieu exact où, 20 ans plus tôt, nous avons cogné sur l'édifice avant de nous résigner et d'acheter des morceaux du mur à des vendeurs ambulants.

Quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous nous sommes rendu compte qu'à cet endroit précisément, le mur n'avait pas été détruit sur environ 200 mètres. Peut être en souvenir de mon passage.
La population de la ville a doublé le week end dernier, avec une arrivée massive de français. Cela a permis à chacun de redécouvrir l'histoire du mur, la vie à l'est, à l'ouest, la stasi, les familles divisées... Des films, des expositions à ciel ouvert étaient dispersés à plusieurs endroits de la ville. Avec les musées qui traitent déjà du sujet, il y en avait pour tout le monde. Dès le milieu de l'après-midi ce lundi, la foule se pressait vers le
Brandenburger Tor. Les flics bloquants des rues entières, les délégations officielles traversant le centre ville à toute allure, manquant de ci delà, de se faire un touriste.

C'est vers 17h que je retrouve mes camarades afin de fêter l'évènement. Quelques bières plus tard, peu avant 19 heures, nous nous dirigeons vers l'un des écrans géants sur le coté du Pariserplatz, là où les dominos devaient commencer à tomber. La foule se densifiait à mesure que nous avancions et l'espoir de voir quelque chose diminuait donc d'autant. Ajoutons à cela, la pluie et l'odeur (de saucisses), j'étais un peu tendu... Après s'être fait refoulé de plusieurs rues et accès et suite à un détour interminable nous franchissons discrètement des barrières de sécurités non gardés pour se retrouver près des premiers dominos, face à l'écran à quelques mètres de Lech Walesa.... Les discours commencent... continuent.., s'éternisent.

C'est avec 45 minutes de retard et lestés de 300 litres d'eau de pluie que nous entamons le décompte: Fünf, vier, drei, zwei, eins, wouhaaaaaaaaa !! Nous assistons à la chute des dominos, juste devant nous. C'est impressionnant. La foule est en liesse, les flashs s'allument dans tout les sens, les cris... Un grand souvenir... Arrive le moment le plus attendu de la soirée... Bon Jovi... et en playback s'il vous plait... Quelle idée !!!. Je vous le concède, mes compatriotes manquent parfois de lucidité pour la commémoration des grands évènements... A leur décharge il faut dire qu'ils en ont peu. Ils restent sur deux défaites, alors forcément, les 11 novembre et 8 mai tout le monde est au boulo...


S'en suit des discours, des dominos et un départ avancé afin de nous mettre à l'abri et en hauteur pour assister au feu d'artifice le plus cher de l'histoire de l'Allemagne... Ce que n'avait pas prévu les soviets ce 9 novembre 1989, c'est que 20 ans plus tard, le temps serait pourri, avec des nuages très bas. Si bien que du feu d'artifice, on ne devinait... rien. Au bruit à la limite on savait qu'il avait lieu. Ah !!!! si les chinois nous avaient donné leur reste de fusées anti-pluie des JO... Puis ce fut saucisse, concert et bières, ce qui nous a permis de trinquer à cet anniversaire, à plusieurs reprises. Il faut ce qu'il faut. Cela peut sembler paradoxale, mais les médias et la population ont commencé à parler de cet anniversaire une semaine avant. Les berlinois semblaient surpris de cet engouement international.

Il y avait à mon avis deux dimensions a cet évènement. Les allemands qui fêtaient la fin de la division de leur pays, une fête à taille humaine, des retrouvailles, la libération d'une ville. Le reste du monde qui, sans oublier cet aspect, fêtait peut être plus la fin du monde bipolaire, la fin de la guerre froide, la chute d'un mur symbole du manque de libertés. Pour ajouter à cette impression, il faut savoir qu'en Allemagne les gens ne sont pas patriotes. Ca ne se fait pas. On n'est pas fier d'être allemand.. Après tout ce qui s'est passé durant la guerre, c'est assez honteux d'être fier de sa nation. Ce n'est d'ailleurs que depuis le début des 90' que la Mannschaft (entendez, l'équipe nationale de foot) chante l'hymne allemand...C'est vous dire !!!

Matze